Conrad de Montferrat arriva á Tyr assiégée par Saladin le musulman. La
ville était en train de négocier sa reddition. Il convoqua le commandant de la
cité et lui dit qu’il en prenait le commandement. Il ordonna alors le
renforcement des défenses et organisa des sorties meurtrières régulières contre
l’armée de Saladin.
Il infligea à son armée tant et tant de sorties
victorieuses que Saladin épuisé tenta de corrompre le héros responsable de la
victoire de toutes ces sorties. Un chevalier à l’allure incroyable, au casque
flanqué de cornes de cerfs. Chevalier espagnol nommé Sancho Martin, le
chevalier vert dont le surnom était lié à la couleur des bras de son armure. Ce
chevalier acquis vite la réputation d’être très dangereux et invincible, et
lors de ces sorties de la ville les musulmans qui se trouvaient en face de lui
mourrait plus de peur que de l’habileté au combat de Sancho Martin. Il avait
pour cela décoré son casque de cornes de cerfs et composé son armure rutilante
de parties dorées et ornées de grandes épines sur les épaules. Sa hache
infligeait de telles blessures que son armure était souvent tachée de
nombreuses giclées de sang. L’ensemble en faisait le chevalier le plus
effrayant et redouté des hommes de Saladin. Mais si les infidèles avaient peur,
il y avait aussi de bonnes raisons, sa dextérité à se battre depuis son cheval,
usant une hache et une épée avait fait de nombreuses victimes, même parmi les
plus aguerris des princes musulmans.
Non seulement ce héro était valeureux, mais il était
loyal, et malgré les fortunes offertes jamais il ne céda á la corruption. Cela obligeât
Saladin á changer de stratégie et tenter d’attaquer par la mer. Les escadres
des templiers qui accompagnaient la flotte de Conrad dominaient pourtant le
domaine maritime, infligeant de lourdes pertes aux armées musulmanes, avec
leurs archées et leur catapulte bombardant les cotes durant les batailles. Saladin
quant á lui avait désarticulé une partie de sa flotte pour pallier au manque de
bois de la région pour construire les armes de siège. Mais Saladin trouva on ne
sait oú, une flotte de dix puissantes galères trirèmes commandées par un prince
arabe du Maghreb. Ces galères antiques ne se voyaient plus depuis bien longtemps
sur les mers. Ce prince en avait fait construire d’imposantes répliques
augmentées. Les rames sur trois étages étaient manipulés par 240 rameurs au
lieu des classiques 170. La proue était équipée d’un énorme éperon renforcé de
métal.
Il paya fort
cher pour pouvoir embarquer ses troupes et lancer les navires á l’attaque de la
flotte chrétienne de Montfort et du Temple. Le prince lança ses puissantes
galères á l’assaut des escadres chrétiennes, d’abord par surprise puis en
combat naval régulier. Les galères étaient rapides á la manœuvre et pouvaient
rivaliser avec les navires chrétiens plus légers tout en étant plus puissantes
qu’eux. La tactique du prince magrébin était astucieuse et prenait les escadres
chrétiennes dans des pièges surprenants formés de manœuvre en tenaille. Il
obtint ainsi deux grandes victoires, avant que les escadres chrétiennes
n’aillent se réfugier dans le port de Tyr, ainsi protégées depuis les
murailles. Saladin sentit pointer l’odeur de la victoire. Il organisa un
banquet sur le navire du commandant de la flotte, un magnifique voilier de 30 mètres
de long, pour festoyer avant l’estacade finale du lendemain. Á coup sûr, ils
entreraient enfin dans la ville. Le bombardement depuis les galères, le débarquement
qui ouvrira un deuxième front et l’attaque simultanée de l’armée restée á terre,
seraient irrésistibles. On fit venir des vaches que l’on égorgea sur le bateau
et dont on fit un énorme barbecue. Quelques esclaves magnifiques qui savaient
des danses les plus sensuelles, remplirent de plaisir les yeux des princes
musulmans. Le commandant de la flotte lui-même n’avait jamais assisté á un spectacle
d’une telle beauté. Les princes chantaient et applaudissait de même que les
hommes d’équipages qui appréciaient de loin la représentation. Dans les autres
bateaux, il avait aussi fait servir de nombreuses victuailles même si le cœur des
fantassins, soumis au tendre roulis de la mer, n’y était pas vraiment. Faute de
mieux, ils se mirent tout de même á chanter pour satisfaire l’ordre de Saladin
de festoyer en l’honneur de sa future victoire. Tous occupés par la fête et surs
de leur victoire, ils ne virent pas venir la pire de leur défaites. Huit fustes
de petite taille, sans lumière et sans bruit sortirent du port á l’avantage de
cette nuit sans lune et couvert par les sons de la fête. Ils attaquèrent la
flotte du magrébin par surprise, en usant deux navires contre chaque galère.
Ils brulèrent, á l’aide de feu grégeois, et coulèrent ainsi quatre galères, en
moins d’une vingtaine de minutes. Une cinquième fut coulée sur le chemin du
retour vers le port, tous les bateaux chrétiens contre elle seule. En moins
d’une heure, Saladin avait perdu la moitié de sa flotte. Du même coup, il avait
définitivement perdu toute chance de remporter le siège. Au petit matin il dut
débarquer ses troupes pour rejoindre son armée. Et c’était un spectacle bien
pitoyable. Les fantassins embarqués sur les galères débarquaient dans un bien
triste état. D’habitude sur la terre ferme le roulis entrainait chez eux fortes
vomissure dans les navires classiques de marchandise. Mais les galères étaient le
bien pire des bateaux pour un transport de troupe terrestre. La galère exhalait
une odeur pestilentielle. Nombreux soldats gerbaient bien avant de monter dans
cet enfer olfactif. Les galériens rameurs souvent attachés á leurs bancs
devaient en effet uriner et déféquer en restant á leur place. Imaginez les
sommes d’excréments de 200 rameurs dans un espace aussi restrtreint. Les hommes
de troupe, jamais habitués à cela, s’en rendait malade á ne pas pouvoir dormir.
Ajoutez la frayeur de la bataille en mer qu’il vennaient de vivre, alors que la
plupart d’entre eux ne savaient pas nager. Ils écoutèrent, durant plusieurs
heures de la nuit, les cris de leur compagnons qui brulaient sur les autres
navires. Bref, ils étaient une troupe d’hommes traumatisé qui n’avaient pas
mangé depuis des heures, qui avaient vomi jusqu’à leur propres entrailles et
qui n’avaient pas dormi de la nuit.
C’est ce moment lá que choisi Sancho Martin pour de nouveau
faire une sortie et prendre les Sarrasins en train de débarquer, séparés qu’ils
étaient du gros de leur armée. La bête fauve fondait sur une proie facile,
faible et isolée. Il mit tant d’ardeur dans cette attaque, qu’ivre de sang et
de violence, il descendit de son cheval pour guider ses fantassins vers le
carré de protection de Saladin lui-même. Il découpait, déchirait et piétinait
sauvagement la troupe musulmane incapable de résister á son ardeur, accompagné de
ses fantassins euphorisé par leur héro. Il perça les troupes musulmanes sur
plus de deux cent mètres et s’approcha á vu de Saladin. Ce dernier, comprenant
le danger, fit amener le roi Guy de Lusignan, qu’il avait fait prisonnier lors
de la grande bataille des cornes d’Hattin, bien avant le début du siège de Tyr.
Il lui posa lui-même le couteau sous la gorge, et ordonna á Sancho Martin d’arrêter
le massacre. Il l’avertit aussi que le père de Conrad, fait prisonnier depuis
cette même défaite, serait aussi exécuté. Sancho Martin s’arrêta quelques instants,
surpris par cette félonie. Ce petit moment de doute permis aux musulmans de se réorganiser
entre lui et Saladin. Lorsqu’il décida de reprendre le combat contre eux, il
était trop tard, Sancho Martin aperçut Saladin déjà en train de fuir et sut qu’il
ne pourrait plus le rattraper. De rage, il se mit à découper sauvagement tous
les membres et les têtes des Infidèles qui se trouvaient sur son chemin. Sa
furie n’avait plus de contrôle, lui et ses hommes ne firent aucun prisonnier ce
jour-là. Sa victoire fut éclatante mais sanglante et sans pitié. Alors que les
derniers musulmans étaient tombés à terre, il prit une hache á deux mains et
continua avec rage á frapper et découper cette armée gisant sur le sol. Il
coupait les têtes de chaque corps, ainsi que quelques-uns des quatre membres
avec fureur. Les autres soldats de l’armée du christ, soulagés d’en avoir fini
avec cette bataille, regardèrent faire leur héro un court moment. Un, puis deux,
puis tous, se mirent alors á l’imiter se libérant ainsi de la tension, de la
peur, de la violence, qu’ils venaient de vivre pendant le combat. Ils dressèrent
des piques et des lances, sur lesquelles ils juchèrent les têtes tranchées, en
ligne, de mètre en mètre, comme pour une plantation. Ils mirent ainsi en place un immense champ de têtes
plantées sur des piques, aux milieux de centaines de corps mutilés. La
conception de cette macabre mise en scène dura jusqu’à la nuit. A la fin de
cette folle après-midi, le chevalier vert monta sur un monticule, si recouvert
de sang et autres viscère qu’on ne distinguait plus son armure.Les bras en croix,
il hurlait vers le ciel, face aux armée musulmanes, en tenant de sa main droite
la tête du prince nord-africain commandant de la flotte et de l’autre une croix
ensanglanté. Il hurla longtemps, comme un démon pris de folie. Il hurlait sa
rage et son désir de voir Saladin mourir et son armée aller en enfer. Il
hurlait aussi sa victoire, non pas dans la bataille mais sa victoire sur lui-même,
il s’était surpassé. Comme subjugués et entrainés par la folie de leur héro,
ses hommes se mirent eux aussi à hurler comme lui. Certains prenaient des têtes
ou des membres et les brandissaient vers les armées musulmanes, leur indiquant
ainsi ce qui leur était promis et comment ils allaient finir. On vit même
certains d’entre eux ouvrir les entrailles des ennemis, en extraire le cœur et
le brandir vers le ciel avant de le mordre á pleine dents.
En voyant ce spectacle d’une violence incroyable, alors
qu’aucun autre danger ne les menaçait, les armées musulmanes commencèrent á reculer
d’effroi. Le siège venait ici et maintenant de se terminer. La retraite des
musulmans allait se poursuivre bien des années. Saladin avait perdu, non
seulement le siège de Tyr, mais surtout la confiance de ses hommes en la
victoire contre les croisés.
Ce jour-là, la puissance de ce héro avait atteint un
paroxysme qui allait au-delà de toute humanité. Il se rangeait ainsi, à la force
de la hache et au fil de l’épée, à la droite de dieu.
Il savourait aussi sa victoire secrète, car après ce
coup d’éclat, il était sûr d’être promu Maitre de guerre de la Confrérie sans
nom.
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